Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soulager, lorsqu’un Maure, qui était venu lui rendre visite, lui conseilla, comme un remède ordinaire à sa nation, de faire dissoudre de la gomme dans du lait, et d’avaler cette potion fort chaude : il suivit ce conseil, et fut guéri sur-le-champ.

La gomme s’appelle gomme du Sénégal, ou gomme arabique, parce qu’avant que les Français eussent des comptoirs au Sénégal, elle ne venait que de l’Arabie ; mais, depuis que le commerce est ouvert par cette voie, le prix en est tellement diminué, qu’on n’en apporte plus d’Arabie : cependant il en vient encore du Levant ; on prétend même qu’elle est meilleure que celle du Sénégal, par la seule raison qu’elle est plus chère ; car au fond elles sont toutes deux de la même bonté. Cette gomme est pectorale, anodine et rafraîchissante ; elle est excellente pour le rhume, surtout lorsqu’elle est mêlée avec le sucre d’orge, suivant l’usage de Blois, où l’on en fabrique beaucoup. C’est un spécifique contre la dysenterie et les hémorrhagies les plus obstinées. On lui attribue quantité d’autres effets. Ce qui est certain, suivant le témoignage de Brue, c’est qu’un grand nombre de Nègres qui la recueillent, et les Maures qui l’apportent au marché, n’ont pas d’autre nourriture ; qu’ils n’y sont pas réduits par nécessité, faute d’autres alimens, mais que leur goût les y porte, et qu’ils la trouvent délicieuse. Ils n’y emploient pas d’autre art que de l’adoucir par le mé-