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chandises seraient délivrées. On parvint ainsi à purger la foire des voleurs et des gens oisifs.

On commença, le 14 d’avril, à mesurer les gommes. Cette opération se fit sans désordre, parce qu’on ne reçut les marchands que l’un après l’autre. Le général y assista exactement, et fit veiller avec le même soin à tout ce qu’il ne pouvait éclairer par sa présence. Aussitôt que le commerce fut ouvert, on vit arriver chaque jour de nouvelles caravanes de dix, vingt et trente chameaux, ou des voitures traînées par des bœufs, et gardées par les propriétaires des gommes et par leurs domestiques. Ces Maures ont l’apparence d'autant de sauvages ; ils n’ont pour habits que des peaux de chèvres autour des reins, et des sandales de cuir de bœuf. Leurs armes sont de longues piques, des arcs et des flèches, avec un long couteau attaché à leur ceinture.

Il n’est pas besoin de sentinelles pour découvrir l’approche de ces caravanes : les chameaux poussent des cris affeux qui les trahissent bientôt. Leurs foulons, c’est-à-dire, les sacs dans lesquels ils apportent les gommes, sont des peaux de bœuf sans couture. Les Maures n’ont point d’autres commodités pour renfermer leurs marchandises, ni même pour le transport de leur eau. Comme on avait pris toutes sortes de soins pour empêcher qu’ils n’entrassent plusieurs à la fois dans l’enclos, c’était un spectacle amusant que de voir leurs efforts et leurs contorsions pour entrer