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blait demander qu’ils fussent restitués à leur maitre ; mais l’empereur déclara qu’ils étaient à lui, puisqu’ils étaient remis en liberté, et les revendit sans scrupule à d’autres marchands.

À la mort des empereurs de Bissao, les femmes qu’ils ont aimées le plus tendrement et leurs esclaves les plus familiers sont condamnés à perdre la vie, et reçoivent la sépulture près de leur maître pour le servir dans un autre monde. L’usage était même autrefois d’enterrer des esclaves vivans avec le monarque mort ; mais l’auteur prétend que cette coutume commençait à s’abolir. Le dernier roi n’avait eu qu’un esclave enterré avec lui, et celui qui régnait paraissait disposé à détruire une loi si barbare.

Lorsqu’il est question de guerre, ils ont un tocsin qui sert à rassembler la milice des Nègres. Il porte dans cette île le nom de bonbalon. C’est une sorte de trompette marine, mais sans corde, qui est beaucoup plus grosse et a le double de longueur. Elle est d’un bois léger. On frappe dessus avec un marteau de bois dur; et l’on prétend que le bruit se fait entendre de quatre lieues. L’empereur a plusieurs de ces instrumens au long des côtes et dans l’intérieur de l’île, avec une garde pour chacun ; et lorsque le sien a donné le signal, les autres répètent autant de fois les mêmes coups et sur les mêmes tons ; de sorte que ses volontés sont connues en un moment par la