En même temps, comme la fumée avait obligé de diminuer le feu depuis deux ou trois jours, il gela si fort au dedans, que le plancher et les murs étaient revêtus de deux doigts de glace, et qu’il s’en trouvait jusque dans les lits. Le mouvement de l’horloge demeura même suspendu, quoiqu’on en eût augmenté le poids ; ce qui mit Barentz dans la nécessité de préparer lui-même le sable de douze heures, que les matelots nomment l’ampoulette, pour conserver la connaissance du temps. Le 6, la gelée fut si forte, et le froid si vif, que, les plus robustes ne pouvant le supporter, ils se regardaient tous languissamment et d’un œil de pitié, dans l’opinion que le mal ne pouvait augmenter sans éteindre leur vie. Le plus grand feu n’était plus capable de les réchauffer. Tout était gelé, jusqu’au vin de Xérès, dont on connaît la chaleur. Il fallait le faire dégeler aux jours de distribution, et le reste du temps on était réduit à l’eau de neige fondue, qui faisait craindre un surcroît de désastre par les maladies qu’elle pourrait causer. Le 7, un accident plus horrible encore faillit d’emporter tous les misérables Hollandais. Après avoir tenu conseil sur les moyens de résister au froid, on résolut d’aller prendre à bord du vaisseau le charbon de terre qu’on y avait laissé, parce que le feu en est ardent et de longue durée. On fit, vers le soir, un grand feu de cette matière, qui rendit effectivement beaucoup de chaleur à tout le monde, et, personne ne fai-
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