des juges, sans aucune autre espèce d’impôt, de gabelle ou de tribut. C’est pour se maintenir dans la jouissance de ces exemptions qu’ils ne souffrent ni places fortifiées, ni garnisons, dans la crainte que le prétexte de les défendre ne devienne un piége pour leur liberté. Toutes ces provinces peuvent être regardées comme une sorte de république qui, suivant en partie les lois apolitiques d’Angleterre, réforme ou rejette celles qui lui paraissent contraires à ses libertés. Les villes, les bourgs et les villages sont ses forteresses, et les habitans en sont les garnisons. Ils vivent entre eux dans une union qui les ferait prendre pour des enfans d’une même famille. Les grands et les riches ne s’y distinguent point des pauvres par l’orgueil et le luxe. La diversité même de religion, entre cinq ou six sectes différentes, ne produit point les divisions ordinaires sur un point si délicat ; et la différence de nation entre des Européens, des créoles, des métis et des Indiens, n’altère jamais la tranquillité du gouvernement établi par les premiers. Une société si bien réglée ne saurait manquer de s’accroître et de prospérer. Les jeunes gens s’y marient dès qu’ils ont atteint l’âge viril, parce qu’il leur est aisé d’acquérir de quoi subsister ; le pays est assez grand, assez fertile pour fournir des terres aux nouvelles familles : et c’est ainsi que l’accroissement de la population ne se relâche jamais, surtout dans une température et sous des lois qui
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