grave son portrait, et d’autres figures qui représentent les plus belles actions de sa vie. Chaque jour on y porte de nouvelles provisions ; et ce que les bêtes enlèvent, on est persuadé, ou peut-être feint-on de croire, que c’est l’âme qui s’en accommode pour sa réfection. Le P. Charlevoix raconte que des missionnaires demandant un jour à leurs néophytes pourquoi ils se privaient de leurs nécessités en faveur des morts, ils répondirent que c’était non-seulement pour témoigner à leurs proches l’affection qu’ils leur portaient, mais encore pour éloigner de leurs yeux tout ce qui avait été à l’usage du mort, et qui pouvait entretenir leur douleur. C’est par la même raison qu’on s’abstient assez long-temps de prononcer son nom, et que, si quelque autre personne de la famille le porte, elle le quitte pendant toute la durée du deuil. On ajoute que le plus sanglant outrage qu’on puisse faire à un sauvage, c’est de lui dire, ton père est mort.
Ceux qui meurent pendant le temps de la chasse sont exposés sur un échafaud, et demeurent dans cette situation jusqu’au départ de la troupe, qui les emporte comme un dépôt sacré. Quelques nations ont cet usage pour tous leurs morts, et le P. Charlevoix en fut assuré par ses propres yeux aux Missisagués du détroit. Les corps de ceux qui périssent en guerre sont brûlés, et leurs cendres sont rapportées au tombeau de leur famille. Ces sépultures, parmi les nations sédentaires, sont une espèce de ci-