riers qui m’accompagnent t’honorent aussi. Ton interprète a fini son discours, je vais commencer le mien. Ma voix court à ton oreille : écoute mes paroles :
» Onnontio, il fallait que tu crusses, en partant de Québec, que l’ardeur du soleil eût embrasé les forêts qui rendent notre pays inaccessible aux Français, ou que le lac les eût tellement inondées, que nos cabanes se trouvant environnées de ses eaux, il nous fut impossible d’en sortir. Oui, Onnontio, il faut que tu l’aies cru, et que la curiosité de voir tant de pays brûlés ou submergés t’ait porté jusqu’ici. Tu es maintenant désabusé, puisque moi et mes guerriers venons ici t’assurer que les Tsonontouans, les Goyoguans, les Onéyouths et les Agniés n’ont pas encore péri. Je te remercie en leur nom d’avoir rapporté sur leurs terres ce calumet de paix que ton prédécesseur a reçu de leurs mains. Je te félicite en même temps d’avoir laissé sous terre la hache meurtrière qui a rougi tant de fois du sang des Français. Écoute, Onnontio, je ne dors point, j’ai les yeux ouverts, et le soleil qui m’éclaire me fait découvrir à la tête d’une troupe de guerriers un grand capitaine qui parle en sommeillant. Il dit qu’il ne s’est approché de ce lac que pour fumer dans le grand calumet de paix avec les Onontagués ; mais Grangula sait, au contraire, que c’était pour leur casser la tête, si tant de vrais Français ne s’étaient affaiblis. Je vois qu’Onnontio rêve dans un camp de malades,