Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’être pour satisfaire leur vengeance ou leur haine, on se contente de plaindre le mort. S’il était de sang-froid, on suppose facilement qu’il ne s’est pas porté à cet excès sans raison. D’ailleurs c’est aux sauvages de la même cabane à le châtier, parce qu’ils y sont seuls intéressés : ils peuvent le condamner à mort ; mais on en voit peu d’exemples ; et s’ils le font, c’est sans aucune forme de justice. Quelquefois un chef prend cette occasion pour se défaire d’un mauvais sujet. Un assassinat qui intéresserait plusieurs cabanes aurait toujours des suites fâcheuses ; et souvent un crime de cette nature a mis une nation entière en combustion. Alors le conseil des anciens emploie tous ses soins à concilier les parties ; et s’il y parvient, c’est ordinairement le public qui fait les démarches auprès de la famille offensée. La prompte punition du coupable éteindrait tout d’un coup les ressentimens ; et s’il tombe au pouvoir des parens du mort, ils sont maîtres de sa vie : mais l’honneur de sa cabane est intéressé à ne le pas sacrifier ; et souvent la bourgade ou la nation ne juge point à propos de l’y contraindre. Un missionnaire qui avait long-temps vécu parmi les Hurons raconte la manière dont ils punissent les assassins : ils étendent le corps mort sur des perches, au haut d’une cabane, et le meurtrier est placé pendant plusieurs jours, immédiatement au-dessous, pour recevoir tout ce qui découle du cadavre, non-seulement sur soi, mais encore sur ses alimens ; à moins que, par un