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avait fait préférer l’île de la Tortue ; cependant on avait toujours vu des boucaniers à Samana pendant que ce corps avait été florissant ; et les flibustiers s’y arrêtaient aussi plus volontiers qu’en aucun autre endroit de la côte. C’étaient toutes ces raisons qui avaient fait naître au gouverneur, l’idée d’y former une colonie, à laquelle il avait donné pour chef un aventurier nommé Jamet. La troupe n’étant composée que d’hommes, il avait jugé qu’il ne fallait pas penser si tôt à faire passer des femmes dans un lieu qui n’avait besoin d’abord que de soldats ; mais le hasard fit mouiller dans la baie de Samana un navire malouin, chargé de filles pour la Tortue. Les nouveaux colons ne manquèrent point l’occasion de prendre chacun la leur ; et le marchand, à qui elles furent bien payées, n’eut pas de peine à les leur laisser. Le gouverneur, charmé au fond de pouvoir enchaîner tous ses aventuriers, ne leur fit pas un reproche d’avoir pris volontairement des fers, quoiqu’un peu plus tôt qu’il ne le désirait ; et la colonie s’en trouva si bien, que dans la suite elle ne consentit qu’à regret à quitter cet établissement pour passer au Cap-Français.

Mais les autres vues du gouverneur furent interrompues par l’érection d’une nouvelle compagnie, qui prit la place de celle des Indes occidentales sous le nom de Compagnie des fermiers du domaine d’occident ; et sa mort, qui suivit bientôt après, acheva de