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ne laissant plus aux ennemis d’autre sortie que San-Domingo vers la mer, il rapporta toutes ses vues à la réduction même de cette capitale.

La première de ces deux nouvelles colonies n’eut pas le temps de se fortifier dans son poste, et fut bientôt forcée de l’abandonner ; mais il n’en conçut que plus d’ardeur pour le succès de la seconde, qu’il jugeait beaucoup plus importante. Samana est une péninsule dans la partie orientale de Saint-Domingue. L’isthme qui la joint à la grande terre n’a pas plus d’un quart de lieue de large, et son terrain, qui est fort marécageux, la rend facile à défendre. On donne à la péninsule environ cinq lieues de largeur sur quinze à seize de longueur, ce qui fait au moins quarante de circuit. Elle court dans sa longueur à l’est-sud-est, et laisse ouverte du même côté une baie profonde de quatorze lieues, où le mouillage est à quatorze brasses, et si commode, que les navires y peuvent être amarrés à terre. L’entrée et le dedans sont remplis d’îlots, qu’il est aisé d’éviter en rangeant la terre du côté de l’ouest. Le terrain de la presqu’île, quoique peu uni, est très-fertile, et sa situation fort avantageuse pour le commerce. Dès l’origine, les aventuriers avaient pensé à s’établir dans un si bon poste ; mais la trop grande proximité de Saint-Domingue, qui n’en est qu’à vingt lieues, et d’où ils devaient s’attendre à recevoir de continuelles insultes, leur