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raît que la cour regardait alors cet établissement comme un objet peu digne de l’intéresser, et qui ne devait occuper que la compagnie des Indes occidentales.

L’interdiction du commerce avec les étrangers devint, en 1670, une source de troubles, qui durèrent plusieurs années, et qui nuisirent beaucoup aux progrès de la colonie. Les troupes que la cour y fit passer contribuèrent moins au rétablissement de l’ordre que les sages mesures du gouverneur ; et lorsqu’il eut fait rentrer les habitans dans la soumission, il chercha de nouveaux moyens de les occuper. Le nombre de ceux qui pouvaient porter les armes montait alors à plus de deux mille. Il les employa de divers côtés à des expéditions qui n’eurent pas toutes le même succès ; mais, en 1673, l’Espagne ayant déclaré la guerre à la France en faveur de la Hollande, il forma un grand dessein, dont l’exécution fut son unique objet jusqu’à la fin de sa vie ; c’était l’envie d’enlever aux Espagnols tout ce qui leur restait de l’île de Saint-Domingue. Son plan fut dressé sur celui que les Anglais avaient suivi pour se rendre maîtres de la Jamaïque, c’est-à-dire qu’il projeta de se saisir de tous les ports occupés par des Espagnols, ou du moins de leur en fermer l’entrée. Il commença par envoyer une colonie vers le cap de Tiburon, sur la côte du sud ; ensuite il en fit partir une autre pour la presqu’île de Samana ; et ces deux établissemens