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grand nombre de flibustiers qui étaient demeurés dans l’indépendance. Son dessein, après avoir employé ces brigands pour affermir sa colonie contre les efforts des Espagnols, était d’en faire de bons habitans.

On trouve dans un mémoire qu’il fit présenter à la cour en 1669 les progrès que la colonie avait faits sous sa conduite. « Il y avait, dit-il, à la Tortue et sur les côtes de Saint-Domingue, environ quatre cents hommes lorsque j’en fus nommé gouverneur il y a quatre ans. On en compte aujourd’hui plus de quinze cents ; et cette augmentation est arrivée pendant la guerre, malgré la difficulté de faire venir des engagés. J’y ai fait passer chaque année, à mes propres frais, trois cents personnes. L’avantage de cette colonie, ajoute-t-il, consiste, 1o. en ce qu’elle fournit au roi des hommes aguerris et capables de tout entreprendre ; 2o. elle tient en échec les Anglais de la Jamaïque, et les empêche d’envoyer leurs vaisseaux pour nous attaquer dans les îles du Vent, ou pour secourir celles qu’il nous prendrait envie d’attaquer. Dans la dernière guerre, le gouverneur de la Jamaïque s’excusa d’envoyer du secours à Nièves, sur le danger où il était d’avoir sur les bras toutes les forces de la Tortue. Il redoublait même ses gardes, il faisait fortifier ses places et ses ports ; et depuis peu il m’a proposé une neutralité perpétuelle, quelque guerre qu’il y ait en Europe, ce qu’il m’avait refusé auparavant, lorsque je lui en