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ont habitées, comme dans celles qu’ils possèdent encore.

« La taille ordinaire des Caraïbes, dit Labat, est au-dessus de la médiocre. Ils sont tous bien faits et proportionnés ; ils ont les traits du visage assez agréables ; il n’y a que le front qui paraisse un peu extraordinaire, parce qu’il est fort plat et comme enfoncé ; mais ils ne l’apportent point de cette forme en naissant. Leur usage est de la faire prendre à la tête des enfans, avec une petite planche, fortement liée par-derrière, qu’ils y laissent jusqu’à ce que le front ait pris sa consistance, et qu’il demeure tellement aplati, que, sans hausser la tête, ils voient presque perpendiculairement au-dessus d’eux. Ils ont tous les yeux noirs et petits, quoique la disposition de leur front les fasse paraître de bonne grandeur. Tous ceux que j’eus l’occasion de voir avaient les dents fort belles, blanches et bien rangées ; les cheveux noirs, plats, longs et luisans. Cette couleur de leurs cheveux est naturelle ; mais ce lustre vient d’une huile dont ils ne manquent point de se la frotter le matin. Il est difficile de bien juger de leur teint, car ils se peignent aussi tous les jours, avec du rocou détrempé dans de l’huile de crarapat ou de palma-christi, qui les fait ressembler à des écrevisses cuites. Cette peinture leur tient lieu d’habits. Outre l’agrément qu’ils croient lui devoir, elle conserve leur peau contre l’ardeur du soleil, qui la ferait crevasser, et les défend de la piqûre des mous-