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qui lui envoya ses provisions à Saint-Domingue. Elles étaient du mois de février 1665 ; et, les ayant reçues dès le mois de mai suivant, il alla conférer au port Français avec le marquis de Tracy, envoyé l’année précédente pour mettre la compagnie des Indes occidentales en possession de toutes les Antilles françaises.

Ce ne fut pas tout d’un coup que d’Ogeron fit reconnaître son autorité à la Tortue. Le seul nom de compagnie révolta les aventuriers de cette île ; ils lui firent déclarer que jamais ils ne recevraient des lois d’aucune compagnie ; que, s’il venait les gouverner au nom du roi, il trouverait des sujets soumis, à l’exception d’un point sur lequel ils ne lui répondaient pas d’une parfaite obéissance, qu’ils n’étaient pas disposés à souffrir qu’on leur interdît le commerce avec les Hollandais, dont ils avaient reçu toute sorte d’assistance dans un temps où l’on ne savait pas même en France qu’il y eût des Français à la Tortue ni à la côte de Saint-Domingue. Les difficultés n’étaient pas de saison. La prudence du nouveau gouverneur lui fit feindre de goûter cette déclaration. Mais lorsqu’il se vit tranquille dans son nouveau gouvernement, il chercha les moyens d’y établir solidement son autorité. Il s’y fortifia. Il entreprit d’occuper tous ceux qu’il avait sous ses ordres, de faciliter tout à la fois le commerce du dehors et celui que les différens quartiers devaient avoir entre eux ; enfin de