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pait point. Un de leurs capitaines, nommé Pierre-le-Grand, natif de Dieppe, enleva par cette ruse un vice-amiral des galions, et le conduisit en France. Il n’avait à bord que vingt-huit hommes et quatre petits canons. En abordant le navire espagnol, il fit couler le sien à fond ; et cette audace causa tant d’épouvante à ses ennemis, que personne ne s’étant présenté pour lui disputer le passage, il pénétra jusqu’à la chambre du vice-amiral, qui était à jouer ; il lui mit le pistolet sur la gorge, et le força de se rendre à discrétion. Il le fit débarquer avec tout son monde au cap de Tiburon, dont il était proche, et ne garda que le nombre de matelots espagnols dont il avait besoin pour la manœuvre. Un autre, nommé Michel-le-Basque, avait eu la témérité d’attaquer, sous le canon de Porto-Bello, un navire de la même flotte, nommé la Marguerite, chargé d’un million de piastres, et s’en était rendu maître avec peu de perte.

Les habitans français de l’île de Saint-Domingue avaient aussi leurs associations. On leur donnait du terrain à proportion de leur nombre ; et quoiqu’ils fussent moins exposés que les autres aventuriers au ressentiment des Espagnols, il se trouvait entre eux des gens de courage, dont le nouveau gouverneur de la Tortue forma une milice bien ordonnée. Les engagés, qui formaient comme une quatrième classe d’aventuriers, étaient dans la dépendance de leurs chefs ; mais dans l’occasion ils