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celui de leurs anciens habitans, il paraît nécessaire de faire connaître cette race d’hommes que les Européens y ont trouvés établis, et qu’ils ont resserrés dans des bornes où ils les contiennent, mais qu’ils n’ont pu détruire ou soumettre.

Quelques voyageurs les font descendre des Galibis, peuples de la Guiane, et racontent, sur d’anciens témoignages, que leurs ancêtres, s’étant révoltés contre leurs chefs, se virent forcés de chercher une retraite dans ces îles, qui avaient toujours été désertes, ou dont ils chassèrent les habitans naturels. Un Anglais, nommé Brigstock, qui connaissait la Floride par un long séjour, et qui en parlait toutes les langues, fait venir les Caraïbes du pays des Apalachites, où l’on trouve jusqu’aujourd’hui, dit-il, derrière la Géorgie et la Caroline, une nation qui se nomme les Caraïbes. On ignore, ajoute-t-il, ce qui l’obligea de quitter le continent ; mais rien n’empêche de supposer que, trop serrée dans ses limites, ou pressée par de puissans ennemis, elle eut le courage de se fier sur mer à la conduite des vents, qui la poussèrent dans l’île Sainte-Croix. Brigstock semble compter pour rien l’éloignement et les difficultés de leur navigation.

Cette différence d’opinions sur l’origine des Caraïbes n’empêche point qu’on ne s’accorde à les faire sortir de quelque partie de l’Amérique. On se fonde sur la ressemblance de leur figure et de leurs usages, dans toutes les îles qu’ils