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peine se souvenaient-ils du Dieu de leurs pères : sur quoi l’on observe qu’il n’est pas surprenant qu’on ait eu peine à découvrir quelques traces d’un culte religieux chez divers peuples, puisque l’on ne saurait douter que, si les boucaniers s’étaient perpétués dans l’état qu’on représente, ils n’eussent eu moins de connaissance du ciel, à la seconde ou troisième génération, que les Cafres, les Hottentots, les Topinambous ou les Caraïbes. Ils avaient quitté jusqu’aux noms de leurs familles, pour y substituer des sobriquets et des noms de guerre, dont la plupart ont passé à leurs descendans. Cependant ceux qui se marièrent dans la suite signèrent leur véritable nom ; ce qui a fait passer en proverbe, dans les Antilles, qu’on ne connaît bien les gens qu’au temps du mariage. Leur habillement consistait dans une chemise teinte du sang des animaux qu’ils tuaient, un caleçon encore plus sale, fait en tablier de brasseur, une courroie qui leur servait de ceinture, et d’où pendait une large gaine dans laquelle était une espèce de sabre fort court, qu’ils nommaient manchette, et quelques couteaux flamands ; un chapeau sans bord, excepté sur le devant, où ils en laissaient pendre un bout pour le prendre ; point de bas ; des souliers de peau de cochon. Leurs fusils avaient un canon de quatre pieds et demi de long, et portaient des balles de seize à la livre. C’est d’eux qu’on a donné le nom de boucaniers aux fusils de ce calibre. Chacun avait