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tour ; et vis-à-vis, dans la grande terre, le nombre n’était guère que de cent. On avait commencé à défricher le port de Paix, vis-à-vis de la Tortue ; mais ce commencement d’habitation se réduisait presqu’à rien. La côte de l’ouest n’avait qu’un seul établissement, et c’était celui de Léogane. Les Hollandais en avaient chassé les Espagnols, mais ils ne s’y étaient pas établis. On y comptait environ cent vingt Français, dont le principal soutien consistait dans le secours de deux corps qui causaient déjà beaucoup d’alarmes aux Espagnols dans le Nouveau Monde, et qui firent bientôt trembler les provinces les plus reculées de ce vaste empire. C’étaient les flibustiers et les boucaniers, tous compris sous le nom d’aventuriers. Quoiqu’ils soient assez connus par leur histoire particulière, traduite de l’anglais dans toutes les langues, il convient de donner quelque idée de leur caractère et de leurs exploits.

On a rapporté leur origine. Les boucaniers n’avaient point d’autre établissement dans l’île de Saint-Domingue que ce qu’ils nommaient leurs boucans. C’étaient de petits champs défrichés, où ils avaient des claies pour boucaner la viande, un espace pour étendre les cuirs, et des baraques qu’ils nommaient ajoupas, nom emprunté des Espagnols, mais qu’on croit venu originairement des naturels du pays. Toutes les commodités de cette situation se réduisaient à les mettre à couvert de la pluie et des ardeurs du soleil. Comme ils étaient sans femmes et sans