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mal, s’emparer de l’île de la Tortue, et s’y établir avec des forces capables d’en assurer la possession à l’Espagne. En effet, le mal devenait pressant pour le commerce espagnol du Nouveau Monde. La Tortue était le réceptacle de tous les corsaires, dont le nombre augmentait de jour en jour. Des habitans laissaient leurs terres en friche pour aller en course ; et les avantages qui en revenaient au gouverneur ne lui permettant guère de s’y opposer, l’île se trouvait quelquefois presque entièrement déserte. Ce désordre, dont les Espagnols furent informés, leur offrait des occasions qu’ils résolurent de ne pas négliger. En effet, ils formèrent leur attaque avec tant de conduite et de succès, que le chevalier de Fontenay, surpris dans son fort, se vit forcé de le rendre avec une capitulation honorable, et fit ensuite d’inutiles efforts pour s’y rétablir.

Les Espagnols en demeurèrent maîtres pendant quelques années, ou du moins il ne paraît pas que les aventuriers, privés de chefs après la retraite du chevalier de Fontenay, aient tenté d’y retourner. Ils aidèrent dans cet intervalle les Anglais à se rendre maîtres de la Jamaïque ; et les boucaniers de Saint-Domingue furent assez embarrassés à se défendre contre la Cinquantaine espagnole. Mais il est certain qu’en 1659, un gentilhomme français se remit en possession de la Tortue, et que, l’ayant possédée quatre ans à titre de con-