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les Français qui voudraient faire une profession libre de leur secte, qu’ils consentirent à le reconnaître pour leur prince.

Il jouit pendant cinq ans de ce titre imaginaire, qui n’ajoutait rien à son autorité ; mais s’il avait formé d’autres vues, elles furent étouffées dans son sang par des mains dont il se défiait peu. Il avait donné toute sa confiance à deux hommes qui avaient été ses compagnons de fortune, et qu’on a crus même ses neveux. Il les avait comme adoptés en les déclarant ses uniques héritiers ; leurs noms étaient Thibault et Martin. C’étaient deux scélérats qui conspirèrent contre la vie de leur bienfaiteur. On prétend que la cause d’une haine si mortelle était une maîtresse entretenue par Thibault, que Le Vasseur lui avait enlevée, et qu’ils se flattèrent aussi de pouvoir succéder à la principauté de l’île. L’occasion ne leur manqua point pour exécuter leur résolution. Un jour que Le Vasseur descendait du fort pour aller visiter un magasin qu’il avait sur le bord de la mer, Thibault lui tira un coup de fusil, dont il ne fut que légèrement blessé. Quoiqu’il n’aperçût point encore le meurtrier, il voulut courir à son nègre, qui le suivait, et qui portait son épée. Martin, dont il était accompagné, le saisit au corps. Pendant qu’il s’agitait pour se dégager, un mouvement de tête lui fit découvrit Thibault qui venait à lui le poignard à la main. Cette vue le rendit immobile : il regarda l’assassin : C’est donc toi, lui