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accessible était encore défendue par une batterie de canons, et la terrasse en avait une autre pour défendre l’entrée du havre.

Les Espagnols, qui ne s’attendaient pas à trouver les Français si bien retranchés, ne furent pas moins surpris de leur nombre. Ils ne s’en étaient pas d’abord aperçus, parce qu’il n’avait paru personne pour disputer la descente : on les laissa même approcher à la demi-portée du canon ; mais alors Le Vasseur fit faire grand feu, et, les chargeant sans leur donner le temps de se reconnaître, il les mit dans un tel désordre, qu’après avoir eu beaucoup de peine à regagner leurs chaloupes, ils ne retournèrent à leurs navires que pour lever aussitôt les ancres. Le lendemain on les vit reparaître un peu plus bas vis-à-vis le quartier de Cayouc. Le Vasseur feignit encore de ne pas s’opposer à leur descente. Ils la firent assez librement ; ils rangèrent leurs troupes en bataille, et marchèrent vers le fort, dans la résolution apparemment de tenter l’assaut : mais ils n’allèrent pas loin. On leur avait dressé une embuscade, où les Français leur tuèrent deux cents hommes ; le reste n’ayant pensé qu’à la fuite, ils s’embarquèrent avec précipitation, et disparurent le jour suivant.

Cette conduite, qui fit un honneur extrême au commandant des aventuriers, parut donner quelque jalousie au gouverneur général ; ou peut-être craignit-il qu’un officier huguenot ne voulût établir dans son gouvernement une