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fit pas presser pour partir avec eux. La prudence ne lui permettant point de paraître à la Tortue sans avoir appris la langue des boucaniers, il s’arrêta dans un petit port de Saint-Domingue, nommé Port-Margot, à sept lieues au vent de cette île. Il y passa trois mois à prendre des informations. Environ cinquante boucaniers, la plupart de sa religion, se joignirent à lui. Enfin, quoique ses forces fussent encore inférieures à celles des Anglais, l’espérance d’être soutenu à son arrivée par les Français de l’île, lui fit prendre la résolution de brusquer son entreprise. Il arriva dans la rade à la fin d’août ; il débarqua sans aucune résistance ; et , marchant en ordre de bataille, il fit sommer Willis de sortir de l’île en vingt-quatre heures avec ses Anglais. Une proposition si peu attendue, et suivie en effet du soulèvement de tous les Français de l’île, étourdit le général anglais jusqu’à l’empêcher de faire attention si Le Vasseur était en état de soutenir sa fierté. Il prit le parti de s’embarquer sur les mêmes bâtimens qui avaient apporté les Français, et Le Vasseur se trouva maître non-seulement de l’île entière, mais d’une espèce de fort que les Anglais y avaient construit, et dans lequel ils avaient quelques pièces de canon.

Il devait s’attendre à de grands efforts, et de la part de ceux qu’il avait dépossédés, et de celle des Espagnols, qui avaient déjà fait connaître combien le voisinage des Français