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tance. Ceux qui l’essayèrent furent passés au fil de l’épée. Quelques-uns se rendirent de bonne grâce, et n’en furent pas moins pendus. Les autres, en petit nombre, se sauvèrent dans les montagnes et dans les bois, où les Espagnols ne daignèrent pas les chercher. Mais cette expédition ne suffisait pas pour assurer la Tortue à l’Espagne ; il fallait y laisser une garnison capable d’en écarter les aventuriers absens, et le général espagnol compta mal à propos sur la terreur qu’il croyait avoir inspirée à ces corsaires. Son unique soin fut de purger la grande île des boucaniers qui s’y étaient rassemblés. Il forma contre eux un corps de cinq cents lanciers, qui ne marchaient ordinairement qu’en troupes de cinquante ; ce qui fit donner à cette milice le nom de cinquantaine ; elle a duré jusqu’à l’avènement d’un prince de France à la couronne d’Espagne ; mais elle ne fit pas d’abord beaucoup de mal aux boucaniers, qui étaient sur leurs gardes, et leur nombre augmentant de jour en jour, ils se remirent en possession de la Tortue.

La nécessité de se défendre contre un ennemi avec lequel ils ne pouvaient espérer de réconciliation les fit penser à se choisir un chef. Ils déférèrent le commandement à Willis, Anglais, homme de tête et de résolution. Ensuite les Français, remarquant que cet étranger attirait quantité de soldats de sa nation, et craignant la perte de leurs droits par l’iné-