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composée de quatre sorte d’habitans : de boucaniers, dont la chasse faisait l’occupation ; de flibustiers, qui couraient les mers ; de colons, qui cultivaient la terre ; et d’engagés, dont la plupart ne quittaient point les colons et les boucaniers. C’est de ce mélange que se forma le corps auquel on donna le nom d’aventuriers. Ils vivaient entre eux avec beaucoup d’union, et leur gouvernement était une sorte de démocratie. Chaque personne libre avait une autorité despotique dans son habitation. Chaque capitaine n’était pas moins absolu sur son bord pendant qu’il y commandait ; mais le commandement pouvait lui être ôté par une délibération de toutes les personnes libres de la colonie. Tels furent les commencemens de ces fameux flibustiers, qui ont quelque temps étonné le monde par la hardiesse de leurs brigandages.

Un établissement de cette nature alarma beaucoup plus les Espagnols que celui de Saint-Christophe. Ils conçurent que la principale force des aventuriers consistant dans la Tortue, c’était cette île qu’il fallait leur enlever ; après quoi, tous leurs autres postes tomberaient d’eux-mêmes. Le général des galions eut ordre de l’attaquer, et de faire main basse sur tous les habitans, sans se laisser amuser par des capitulations. Il prit le temps que tous les flibustiers étaient en mer, et la plupart des boucaniers à la chasse dans l’île de Saint-Domingue. Le reste fit peu de résis-