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de quelques Français, s’était emparée de la petite île de la Tortue ; ils s’unirent d’intérêt ; et dès la même année ils commencèrent à se rendre célèbres sous le nom de flibustiers. Leur rendez-vous le plus ordinaire était cette île, où ils trouvaient non-seulement un havre commode, mais plus de sûreté contre les entreprises des Espagnols. Toute la côte du nord est inaccessible ; celle du sud n’a qu’un port ou plutôt une rade dont ces brigands s’étaient emparés. Le mouillage y est bon, sur un fond de sable fin, et l’entrée en peut être facilement défendue : quelques pièces de canon suffisent, placées sur un rocher qui la commande. Les terres voisines sont fort bonnes, et l’on y trouve surtout des plaines d’une merveilleuse fertilité. Tout le reste de l’île est couvert de bois, dont on admire d’autant plus la hauteur, qu’ils naissent entre des rochers où l’on ne peut concevoir qu’il y ait de quoi nourrir leurs racines.

L’île de la Tortue n’a pas moins de huit lieues de long entre l’est et l’ouest, sur deux de large du nord au sud ; et le canal qui la sépare de Saint-Domingue est de la même largeur. L’air y est très-bon, quoiqu’elle n’ait aucune rivière, et que les fontaines y soient même très-rares. La plus abondante jette de l’eau de la grosseur du bras ; mais les autres sont si faibles, que, dans plusieurs endroits, les habitans n’avaient pas d’autre ressource que l’eau de pluie. Cette île est actuellement