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viron quatorze mille habitans, et plus de douze cents nègres fugitifs s’étaient retranchés sur une montagne inaccessible, d’où ils faisaient trembler de si faibles maîtres.

En 1625, deux vaisseaux, l’un français, sous la conduite d’Enambuc, gentilhomme normand, et de sir Thomas Werner, Anglais, abordèrent le même jour à l’île de Saint-Christophe. Les Espagnols, occupés de leurs conquêtes sur le continent, n’avaient jamais fait beaucoup d’attention aux Antilles. Ils prétendaient, à la vérité, s’en être assuré la possession par divers actes ; mais ils n’avaient jamais fait d’efforts sérieux pour s’y établir, et Saint-Christophe n’était occupé que par les Caraïbes, ses habitans naturels. Les Français et les Anglais conçurent tous les avantages qu’ils pouvaient tirer de ce poste ; et, sans disputer lesquels y étaient arrivés les premiers, ils convinrent de partager l’île entre eux, pour y établir chacun leur colonie. Cette bonne intelligence se soutint non-seulement dans leurs guerres contre les Caraïbes, mais aussi dans le partage de leur conquête, et ne fut pas même entièrement rompue par quelques jalousies qui succédèrent ; elle durait encore vers l’an 1630, lorsque les Espagnols, qui n’avaient pu voir sans chagrin l’établissement des deux nations, dans un terrain sur lequel ils s’attribuaient tous les droits, vinrent les attaquer avec une puissante flotte, et les forcèrent de chercher une retraite dans d’autres îles. Cependant l’ennemi ne fut pas