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nue que sur le milieu de sa sole, et qu’elle eût ses deux extrémités en l’air. Ensuite l’avant s’enfonçait, et, semblant plonger, il laissait voir à découvert tout l’arrière et un quart de la sole. Enfin ils se trouvèrent dans une eau moins impétueuse, car les grosses lames ne commencent qu’à deux cents pas de la côte. »

Labat, qui avait regardé la pirogue avec une admiration mêlée de la plus vive crainte, ajoute la description de ces terribles lames. « La mer, dit-il, en forme toujours sept, qui viennent se briser à terre avec une violence étonnante ; ce qui doit s’entendre des cabesterres, où les côtes sont ordinairement fort hautes et le vent continuel. Les trois dernières des sept lames sont les plus grosses : lorsqu’elles se sont brisées, un petit calme succède, qu’on nomme embeli, et qui dure peu ; après quoi les lames recommencent avec une augmentation de grosseur et d’impétuosité, jusqu’à ce que la septième soit venue se briser. » Comme cet étrange mouvement ne se fait remarquer qu’aux cabesterres des îles, on peut croire, suivant le même voyageur, qu’il est produit par le vent, ou du moins que le vent aide à le former. Il serait digne, ajoute-t-il, de l’attention d’un physicien de chercher les causes et les périodes de ce phénomène, d’observer s’il est le même pendant toute l’année, et si les changemens de la lune ou des différentes positions du soleil y ont quelque part.