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son milieu, d’où elle va toujours en diminuant, jusqu’à six lignes dans ses bords. Les Caraïbes embellissent leurs pagaies de deux rainures, qui partent du manche, dont elles semblent marquer la continuation jusqu’à l’extrémité de la pelle, qu’ils échancrent en manière de croissant. Ils mettent au bout du manche une petite traverse de cinq à six pouces de long, pour servir d’appui à la paume de la main. On ne se sert point des pagaies comme des rames ou des avirons : ceux qui nagent assis regardent l’avant ou la proue du bâtiment ; ceux qui nagent à stribord empoignent de la main droite le manche de la pagaie un pied au-dessus de la pelle, et mettent la paume de la main gauche sur le bout du manche. Dans cette situation, ils plient le corps en plongeant la pagaie dans l’eau, et la tirent en arrière en se redressant ; de sorte que, poussant l’eau derrière eux, ils font avancer le bâtiment avec beaucoup de vitesse. On conçoit que ceux qui sont à bas-bord, c’est-à-dire à gauche, tiennent la poignée de la main gauche et qu’ils appuient la droite sur l’extrémité du manche.

» Quand une pirogue n’aurait que trois pieds de large, deux hommes pourraient s’asseoir et nager sur le même banc ; ce qui ne se peut avec des rames, ou des avirons, dont la longueur demande plus de place pour l’action. Il s’ensuit qu’on peut employer plus de pagaies que de rames, et faire, par conséquent, plus de diligence. On avoue que cette manière de