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bords était percé de plusieurs trous, garnis de cordes, qui servaient à contenir le bagage.

» La longueur des bacassas est d’environ quarante-deux pieds sur sept de largeur. L’avant est élevé et pointu à peu près comme celui des pirogues, mais l’arrière est plat et taillé en coupe, avec une tête d’homme en relief, ordinairement très-mal faite, mais peinte de blanc, de noir et de rouge. Au bacassa que Labat eut l’occasion de voir, les Caraïbes avaient attaché près de cette tête un bras d’homme boucané, c’est-à-dire séché à petit feu et à la fumée. C’était le bras d’un Anglais qu’ils avaient tué depuis peu dans une descente qu’ils avaient faite à la Barbade. Les bancs du bacassa ressemblent à ceux des pirogues ; mais ses bords ont un exhaussement de planches d’environ quinze pouces, qui augmente beaucoup la grandeur du bâtiment. Les bacassas et les pirogues des Caraïbes sont également sans gouvernail. Le Caraïbe qui gouverne est assis, ou debout à l’arrière, et gouverne avec une pagaie plus grande d’un tiers que celles qu’on emploie pour nager ; car aux îles on ne dit point voguer ou ramer, mais nager, lorsqu’on se sert des pagaies, dont l’usage est plus commun que celui des avirons.

» La pagaie a la forme d’une pelle de four : elle est longue de cinq à six pieds ; et le manche, qui est rond, occupe les trois quarts de cette étendue ; sa largeur est d’environ huit pouces, sur un pouce et demi d’épaisseur dans