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rance, par allusion au nom d’un oiseau des bois, dont le chant exprime ce mot, qui va toujours seul, et qui ne paraît qu’à l’entrée de la nuit. Ils croient, dit-on, que ce petit oiseau est l’âme d’un de leurs princes, et le respect qu’ils lui portent est extrême.

On nous apprend la manière dont ils conservent les corps de leurs rois. Ils fendent la peau le long du dos, et la lèvent avec tant d’adresse, qu’ils n’en déchirent aucune partie. Ensuite ils décharnent les os sans offenser les nerfs, afin que toutes les jointures demeurent entières. Après avoir fait un peu sécher les os au soleil, ils les remettent dans la peau, qu’ils ont eu soin de tenir humide avec une huile qui la préserve aussi de corruption. Les os étant rétablis dans leur situation naturelle, ils remplissent les intervalles avec du sable très-fin. Alors la peau est recousue, et le corps ne paraît pas moins entier que si la chair y était encore. On le porte au lieu de la sépulture, où il est étendu sur une grande planche nattée, un peu au-dessus de terre, et couvert d’une natte. La chair qu’on a tirée du corps est exposée au soleil sur une claie, et lorsqu’elle est tout-à-fait sèche, on la met aux pieds du cadavre, renfermée dans un panier bien cousu. Les nations un peu anciennes ont ainsi d’assez longues rangées de tombeaux, ou plutôt de corps étendus sous la même voûte. Elles y placent pour garde non-seulement un quioccas, c’est-à-dire une idole, mais encore un prêtre, qui est chargé tout à la