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chaudes qui, consumant peu à peu ce qui peut lui rester d’humide, achève de resserrer ses pores. Le reste de la flèche est uni avec une seule petite hoche à l’extrémité, pour la tenir sur la corde.

Il est rare que les Caraïbes ornent leurs flèches de plumes ; mais il ne l’est pas moins que celles de guerre ne soient pas empoisonnées. Leur méthode est simple. Elle se réduit à faire une fente dans l’écorce d’un mancenillier, pour y mettre les pointes qu’ils y laissent jusqu’à ce qu’elles soient imbibées du lait épais et visqueux de cet arbre. Ensuite, les ayant fait sécher, ils les enveloppent dans quelques feuilles, pour attendre l’occasion de s’en servir ; ce poison est si pénétrant, que, pour lui faire perdre sa force, on est obligé de mettre les pointes dans des cendres rouges, et de gratter successivement tous les ardillons avec un morceau de verre, après quoi on les passe encore au feu. Mais tous ces soins mêmes ne peuvent éloigner entièrement le danger.

Les flèches que les Caraïbes emploient pour la chasse des gros oiseaux, tels que les perroquets, les ramiers, les perdrix, les mansfénis, qui sont des oiseaux de proie, et quantité d’autres, ont la pointe unie, sans ardillons, et ne sont jamais empoisonnées. Celles qui servent pour les petits oiseaux ont au bout un petit flocon, tel qu’on en met au bout des fleurets, qui les tue sans les percer, sans que leur