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même de cette aventure. Bird, quoique naturellement peu crédule, ne put rien opposer au témoignage d’un homme sensé. Cependant ses doutes le ramenèrent aux plantations, où ils furent levés par la déposition unanime de tous les Anglais. La conduite qu’il tint avec l’Indien fut si sage, qu’elle semble donner un nouveau poids à son récit. Il lui accorda les deux bouteilles, mais en le traitant d’imposteur, et lui soutenant qu’il avait vu le nuage, sans quoi il n’aurait pu amener la pluie, ni la prédire. « Pourquoi donc, répondit l’Indien, vos voisins n’en ont-ils pas eu ? pourquoi ont-ils perdu leur récolte ? Je vous aime, et je n’ai pas eu d’autre motif pour sauver la vôtre. » Chaque lecteur jugera de cette relation selon ses connaissances et ses préjugés.

Ces barbares sont accusés de sacrifier quelquefois de jeunes enfans : mais ils s’en défendent ; et si l’on voit disparaître ces jeunes victimes, ils assurent que leurs prêtres les écartent de la société pour les former à leur profession. Smith donne la relation d’un de ces sacrifices. « On peignit de blanc, dit-il, quinze garçons des mieux faits, qui n’avaient pas plus de douze à quinze ans. Le peuple passa une matinée entière à danser et à chanter autour d’eux avec des sonnettes à la main. L’après-midi ils furent placés sous un arbre, et l’on fit autour d’eux une double haie de guerriers armés de petites cannes liées en faisceau. Cinq jeunes