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voulu savoir si j’étais bien ou mal disposé pour elle ; que le cercle de farine signifiait leur pays, les cercles de grains les bornes de la mer, et les petites branches, ma patrie. Ils s’imaginent, ajoute Smith, que la terre est plate et ronde, et que leur pays est au milieu. »

Bird, colonel anglais, a rendu solennellement témoignage d’un fait qui s’était passé sous ses yeux. On éprouvait tous les maux d’une grande sécheresse vers les sources des rivières, surtout dans la partie haute du James-river, où Bird employait quantité de nègres à ses plantations. Il était si respecté de tous les Indiens voisins, que son seul nom suffisait pour les contenir dans le respect. Un d’entre eux parut touché de voir périr le tabac d’un homme si aimé, et vint offrir à l’inspecteur de faire tomber de la pluie, s’il voulait lui promettre, au nom du colonel, qui était absent, deux bouteilles de liqueur anglaise. Quoiqu’il n’y eût pas la moindre apparence de pluie, et que l’inspecteur n’eût pas beaucoup de confiance à la magie indienne, les deux bouteilles furent promises au retour du maître. Aussitôt l’Indien commença ses conjurations, ce qui s’appelle paouaouci dans la langue du pays ; en moins d’une demi-heure, on vit paraître un nuage épais, qui amena une grosse pluie sur le grain et le tabac du colonel, sans qu’il en tombât sur les terres voisines. L’inspecteur, extrêmement surpris, partit aussitôt, et fit plus de quarante milles pour le seul plaisir de l’informer lui-