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cercle autour du feu avec de la farine. Alors trois autres devins, peints de noir et de rouge, à l’exception de quelques parties des joues, qui l’étaient de blanc, vinrent sur la scène avec diverses gambades. Ils commencèrent tous à danser autour de moi ; et bientôt il en parut trois autres, aussi difformes que les premiers, mais les yeux peints seulement de rouge, avec plusieurs traits blancs sur le visage. Après une assez longue danse, il s’assirent tous vis-à-vis de moi, trois de chaque côté du chef ; et tous sept ils entonnèrent une chanson, qui fut accompagnée du bruit des sonnettes. Lorsque cette étrange musique fut finie, le chef mit à terre cinq grains de blé ; il ouvrit les bras, et les étendit avec tant de violence, que ses veines parurent s’enfler. Il fit alors une courte prière, après laquelle ils poussèrent tous un soupir. Ensuite il remit trois grains de blé ; à quelque distance des autres, et le même exercice fut répété jusqu’à ce que les grains formassent trois cercles autour du feu. Ils prirent alors un paquet de petites branches apportées pour cet usage, dont ils mirent une dans chaque intervalle des grains. Cette opération dura tout le jour : ils le passèrent comme moi sans prendre aucune sorte d’aliment ; mais à l’entrée de la nuit, ils se traitèrent de ce qu’ils avaient de meilleur. La même cérémonie fut recommencée trois jours de suite, sans que je pusse deviner à quoi elle devait aboutir. Enfin ils me dirent que la nation avait