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qu’ils leur tiennent lieu de prêtres, qu’ils font leur service religieux et leurs enchantemens dans une langue générale qu’il croit celle des Algonquins ; qu’ils n’épargnent point les sacrifices au mauvais esprit ; qu’au commencement de chaque saison ils lui offrent les prémices des fruits, des oiseaux, du bétail, du poisson, des plantes, des racines, et de tout ce qui peut causer quelque profit ou quelque plaisir. Ils renouvellent leurs offrandes lorsqu’ils reviennent avec succès de la guerre, de la chasse et de la pêche.

Smith, autre écrivain anglais, fait le récit d’un enchantement dont il fut témoin à Pamonki, pendant qu’il y était prisonnier. « À la pointe du jour, dit-il, on alluma un grand feu dans une maison longue, et l’on y étendit des nattes, sur l’une desquelles on me fit asseoir. Alors, mes gardes ordinaires reçurent ordre de sortir. Je vis entrer aussitôt un grand homme, d’un air rude, dont le corps était peint de noir, et qui avait sur la tête un paquet de peaux de serpens et de belettes, farcies de mousse, dont les queues attachées ensemble formaient au-dessus une espèce de houppe, et dont les corps, flottant sur ses épaules, lui cachaient presque entièrement le visage. Une couronne de plumes soutenait cet ornement bizarre. Il avait à la main une sonnette qu’il fit retentir long-temps en faisant mille postures grotesques. Ensuite il commença son invocation d’une voix forte, et se mit à tracer un