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cune divinité, et qu’ils sont incapables de raisonnemens communs à l’espèce humaine : il assure qu’ils n’ont aucune cérémonie extérieure d’où l’on puisse conclure qu’ils reconnaissent quelque divinité, et qu’on ne voit parmi eux ni sacrifices, ni temples, ni prêtres. Au contraire, le baron de la Hontan leur attribue des notions raffinées et des argumens subtils. Le Virginien, s’écartant de l’un et de l’autre, accuse le premier d’erreur, et l’autre d’exagération. Comme on ne peut supposer, dit-il, que les Indiens de la Virginie et des autres colonies anglaises soient plus ou moins éclairés que ceux de la même partie du continent avec lesquels ils ont de fréquentes communications, il juge des lumières de toutes ces nations barbares par celles qu’il trouva dans un Indien des plus honnêtes et des plus sensés de sa colonie. Ces qualités, qu’il lui connaissait, lui ayant fait désirer de l’entretenir, il trouva le moyen de l’attirer seul dans sa plantation ; il lui fit boire beaucoup de vieux cidre, près d’un bon feu, pour le faire parler avec franchise ; et, lorsqu’il le crut bien échauffé par la liqueur, par le feu et par le bon traitement, il lui demanda quel était le dieu des Indiens, et quelle idée ils en avaient. « Il me répondit naturellement, raconte l’auteur, qu’ils croyaient un Dieu plein de bonté, qui demeurait dans les cieux, et dont les bénignes influences se répandaient sur la terre. Je lui dis qu’on les accusait d’adorer le diable ; et, le voyant balancer, je lui demandai pourquoi