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vers le milieu, qui est ovale en dehors et plat en dedans ; de sorte qu’à l’endroit qui soutient la flèche, son diamètre est d’un pouce et demi. L’arc des Caraïbes est ordinairement de bois vert ou d’une espèce de bois de lettre, dont la couleur est fort brune et mêlée de quelques ondes d’un rouge foncé : ce bois est pesant, compacte et très-raide ; ils le travaillent fort proprement, surtout depuis que leur commerce avec les Européens leur procure des instrumens de fer, au lieu des cailloux tranchans qu’ils employaient autrefois. La corde est toujours tendue le long de l’arc, qui est droit et sans aucune courbure ; elle est de pitte ou de caratas, de deux ou de trois lignes de diamètre ; leurs flèches sont composées de la tige que les roseaux poussent pour fleurir ; elles ont environ trois pieds et demi de long, en y comprenant la pointe, qui fait une partie séparée, mais entée et fortement liée avec du fil de coton. Cette redoutable pointe est de bois vert, longue de sept à huit pouces ; et d’une grosseur égale à celle du roseau dans l’endroit de leur jonction ; après quoi elle diminue insensiblement jusqu’au bout, qui est fort pointu ; elle est découpée en petites hoches, qui forment des ardillons, mais taillés de sorte que, sans empêcher la flèche d’entrer dans le corps, ils ne permettent de l’en tirer qu’en élargissant beaucoup la plaie. Quoique ce bois soit naturellement très-dur, les Caraïbes, pour en augmenter la dureté, le mettent dans des cendres