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vertes de fleurs : on n’approche point d’un bois sans être frappé de la variété des odeurs qu’il exhale. Entre les fleurs, on vante la beauté extraordinaire des cardinales et de plusieurs mauves.

Les lauriers tulipiers, ou magnolia ; le bignonia radicans, ou jasmin de Virginie, et divers arbres, parfument les bois, ou les ornent par la beauté de leurs fleurs.

On ne parle point ici des racines et des grains qui servent d’alimens aux Indiens, ni des animaux et des poissons du pays, parce qu’ils diffèrent peu de ceux des autres parties de l’Amérique septentrionale, dont on remet à traiter dans un même article. Mais quoiqu’on se propose aussi de rassembler sous un même point de vue ce que la plupart des habitans de cette vaste région ont de commun dans leurs mœurs et leurs usages, plusieurs différences observées dans ceux de la Virginie et des autres colonies anglaises demandent ici quelque explication.

Les naturels de la Virginie sont communément de la plus haute taille des Anglais. Ils sont droits et bien proportionnés : la plupart ont les bras et les jambes d’une beauté merveilleuse. On ne leur voit pas la moindre imperfection sur le corps : et les Anglais n’en ont jamais connu de nain, de bossu ou de contrefait. Leurs femmes se retirent seules dans les bois pour se délivrer de leurs enfans, et l’on assure qu’elles enterrent sur-le-champ ceux qui viennent au monde avec quelque défaut.