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d’une bonne culture. Ils furent si frappés des avantages du climat, que, dans leurs lettres à la compagnie anglaise, ils assuraient qu’ils l’emportaient beaucoup sur leur province de Languedoc ; que les vignes y croissaient partout en abondance ; qu’il s’y trouvait des raisins d’une si étrange grosseur, qu’ils les avaient pris pour un autre fruit avant d’en avoir vu les pépins ; qu’après avoir taillé les vignes, ils en avaient planté de simples branches à la Saint-Michel, et qu’elles avaient donné du fruit au printemps d’après ; enfin qu’ils n’avaient entendu parler de rien d’approchant dans aucun autre pays du monde. Mais depuis le temps qu’on a marqué, ou il faut croire que la négligence a fermé les yeux aux Virginiens sur leurs intérêts, ou bien l’expérience les a détrompés sur cette tentative.

L’arbre qui porte le miel, et celui qui donne du sucre, croissent en Virginie, vers les sources des rivières. Le miel est contenu dans une gousse épaisse et fort enflée, qu’on prendrait de loin pour une cosse de pois ou de fèves. Le sucre d’arbre n’est qu’une liqueur qui découle du tronc d’une sorte d’érable, et qu’on fait bouillir au feu. De huit livres de cette liqueur on en fait une de sucre : il est humide, mais brillant, d’un beau grain, et sa douceur approche de celle de la cassonade. On ne sut pas d’abord que cet arbre se trouvait en Virginie. Quelques soldats qu’on avait envoyés