Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cacique, il faut s’être distingué plusieurs fois à la guerre, l’avoir emporté sur tous ses concurrens à la course et à la nage, avoir porté de plus pesans fardeaux qu’eux, et surtout avoir marqué plus de patience à souffrir divers genres de peine ; enfin, dans les occasions de guerre, le cacique qui devient capitaine-général ordonne les préparatifs, assemble les conseils, et jouit partout du premier rang. Mais dans une nation qui n’a ni lois ni pouvoir établi pour le maintien des usages, on s’imagine aisément que tout est sujet à varier avec les temps et les circonstances.

Les armes des Caraïbes sont des arcs, des flèches, une massue, qu’ils nommaient bouton, et le couteau qu’ils portent à la ceinture ou plus souvent à la main. Leur joie est extrême lorsqu’ils peuvent se procurer un fusil ; mais, quelque bon qu’il puisse être, ils le rendent bientôt inutile, soit en le faisant crever à force de poudre, soit en perdant les vis ou quelque autre pièce ; parce qu’étant fort mélancoliques et fort désœuvrés, ils passent les jours entiers dans leurs hamacs à le démonter et à le remonter. D’ailleurs ils oublient souvent la situation des pièces, et dans leur chagrin ils jettent l’arme à laquelle ils ne pensent plus, ni au prix qu’elle leur a coûté. Leurs arcs, ont environ six pieds de longueur ; les deux bouts sont tout-à-fait ronds, de neuf à dix pouces de diamètre, avec deux crans pour arrêter la corde ; la grosseur augmente également des deux bouts