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point auparavant. La vigne, au contraire, croît plus heureusement sur les coteaux, sur le gravier, et dans le voisinage des fontaines. Or les vignes qu’on a plantées à la Caroline ont été placées non-seulement près de l’eau salée, qui leur est mortelle, mais, pour comble de méprise, sur des terres basses, où le pin se multiplie bientôt. L’essai qu’Isaac Jamart, négociant français, avait fait d’abord en Virginie, au-dessous de l’anse nommée Archers Hope creeck, avait manqué de succès pour avoir été sujet à tous ces désavantages ; et son exemple n’empêcha point qu’on ne commit la même faute à la Caroline, en plantant des vignes le long des rivières salées et dans des lieux bas, où l’on avait arraché les pins.

Une sixième sorte de raisin, plus agréable que toutes les autres, et de la grosseur du muscat blanc, ne se trouve que sur les frontières de la Virginie, vers les sources des rivières. Le cep qui le porte est fort petit, et ne monte pas plus haut que la plante ou le buisson qui leur sert d’appui. L’avidité des oiseaux, et même des bêtes sauvages qui y peuvent atteindre, est si grande pour le raisin de cette espèce, qu’il s’en trouve rarement de mûr ; mais l’auteur est persuadé qu’on en ferait du vin.

Les Anglais n’ont pas toujours manqué d’attention pour ces présens du ciel. Dès l’année 1622 on fit passer d’Angleterre en Virginie quelques vignerons français pour faire l’essai