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fort communes dans tout le pays, l’une est noire en dehors, et l’autre bleue ; mais toutes les deux portent beaucoup de fruits. On pourrait les subdiviser en plusieurs classes, dont chacune diffère en couleur, en grosseur et en goût ; mais une distinction plus simple est celle de la première et de la dernière saison. Les raisins de la première sont beaucoup plus gros, plus doux, incomparablement meilleurs que les autres. Quelques-uns de cette espèce sont tout-à-fait noirs, d’autres bleus ; il y en a même qui mûrissent six semaines ou deux mois avant les autres. Ceux-ci demeurent ordinairement sur le cep jusqu’à la fin de novembre, ou même de décembre, sont moins gros et d’un goût moins agréable : c’est de la première de ces deux espèces que les Français établis à Monacan ont tenté de faire du vin rouge. On lui a trouvé du corps et de la vigueur, quoiqu’il ne fût fait que de grappes cueillies dans les bois.

Plusieurs Français passèrent à la Caroline, dans l’espérance d’y faire du vin : leurs efforts ne réussirent pas ; mais il est bon d’expliquer le progrès de leur travail, et les obstacles qui le firent échouer. Le pin et le sapin sont si nuisibles à la vigne, que, suivant les observations, elle ne prospère jamais lorsqu’elle est exposée aux influences de ces arbres : ils croissent dans les lieux bas, voisins des rivières jusque-là que, si l’on y défriche une terre, le premier arbre qu’on y voit repousser est toujours un pin, quoique peut-être il n’y en eût