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quatre jours, c’est-à-dire, jusqu’à ce que le vent change ; car il ne gèle jamais que lorsqu’il vient des monts Apalaches, entré le nord-est et le nord-ouest. D’ailleurs rien n’approche de la beauté du ciel pendant ces courtes gelées. À l’exception de l’hiver, où les pluies sont fâcheuses par leur excès, elles n’ont rien que de sain et d’agréable. Rarement celles d’été durent plus d’une demi-heure ; elles se font souvent désirer, comme le dédommagement d’une longue sécheresse, pour faire reprendre un air riant à toute la campagne.

Les maladies du pays n’y étant pas causées, comme dans quelques parties de l’Amérique septentrionale, par un air épais et des brouillards, ni, comme dans les régions plus méridionales, par une chaleur étouffante, on croit ne les devoir attribuer qu’à l’abus qu’on y fait des présens de la nature. « C’est ainsi, dit l’écrivain déjà cité, que j’ai vu non-seulement des étrangers, mais d’anciens habitans, assez peu sensés, dans les chaleurs, pour se coucher presque nus sur l’herbe froide, à l’ombre d’un arbre, et s’y endormir. D’autres s’y mettent le soir, et ne craignent point d’y passer toute la nuit : mais si cette confiance marque la bonne opinion qu’ils ont de l’air du pays, il ne laisse pas d’arriver quelquefois, comme dans les autres parties du monde, que les vapeurs de la terre et la rosée font de fâcheuses impressions sur le corps. Il en est de même de ceux qui s’exposent nus à l’air, ou qui boivent de l’eau