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Un écrivain anglais en déplore les effets. « N’est-il pas honteux, dit-il, qu’on y reçoive d’Angleterre tout ce qui sert à s’habiller, comme les toiles, les étoffes de laine et de soie, les chapeaux et le cuirs, tandis qu’il n’y a point d’endroit au monde où le lin et le chanvre soient meilleurs ? Les brebis y portent une bonne toison ; mais on ne les tond que pour les rafraîchir. Les mûriers, dont les feuilles servent à nourrir les vers à soie, croissent ici naturellement, et ces vers mêmes y prospèrent ; cependant on n’y fait pas la moindre attention. Il y a beaucoup d’apparence que les fourrures dont on fait les chapeaux en Angleterre retournent sous cette forme à la Virginie, d’où elles sont venues. D’ailleurs on y laisse pourir une infinité de peaux, dont on ne se sert que pour couvrir quelques marchandises sèches. Si l’on en tanne quelques-unes pour faire des souliers aux domestiques, c’est avec si peu d’intelligence et de propreté, que les maîtres n’en veulent pas faire usage ; et celui qui s’avise de porter une culotte de peau de cerf s’entend reprocher de l’avarice. Enfin les Virginiens sont si paresseux et si mauvais économes, qu’au milieu des vastes forêts qui couvrent le pays, ils font venir d’Angleterre leurs commodes, leurs secrétaires, leurs chaises, leurs tables, leurs coffres, leurs tabourets, leurs caisses, leurs roues de charrette, et, ce qui paraîtra incroyable, jusqu’à des balais de bouleau. »

Les incommodités du pays se réduisent à