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avantages du climat et la fertilité du terroir, des personnes de considération y passèrent avec leurs familles, soit pour augmenter leur bien, ou pour mettre leur religion et leur liberté à couvert. Ce fut ainsi qu’après la mort de Charles 1er. quantité de royalistes s’y retirèrent, dans la seule vue de se dérober à la tyrannie de l’usurpateur. Au contraire, la maison royale ne fut pas plus tôt rétablie, que plusieurs partisans de Cromwell y cherchèrent un asile. Cependant le nombre en fut moins grand que celui des autres, parce que les Virginiens avaient marqué un penchant ouvert pour le parti royal. À l’égard des criminels qui sont condamnés au bannissement, on y en reçoit fort peu, et l’on s’y est même interdit par des lois sévères la liberté d’en admettre.

Rien n’attache tant les Virginiens à leur pays que la douceur du climat, également éloigné des excès du froid et du chaud. On convient que dans la partie la plus habitée l’air est humide, ce qui vient des rivières et des lagunes, qui sont en grand nombre dans un terrain bas et marécageux ; mais vers les bois, où l’on commence à faire de nouvelles plantations, il est sec, et l’on n’y voit que des ruisseaux de l’eau la plus pure, qui se partagent dès leur naissance en mille petits bras pour arroser les terres voisines. Le terroir est d’une singulière fertilité ; mais on avoue que les Virginiens profitent mal de ces avantages, et que l’abondance les a plongés dans une paresse inexcusable.