Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 17.djvu/356

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cruauté de maltraiter un domestique malade, ou devenu impotent à son service, les chefs ecclésiastiques de la paroisse doivent le faire transporter dans une autre maison pour y être nourri aux dépens du maître jusqu’à la fin de son engagement ; après quoi la pension roule sur le compte de la paroisse. 9o. Chaque domestique libre reçoit de son maître, à la fin du terme, quinze boisseaux de blé, provision suffisante pour une année entière, et deux habits complets de toile et de laine. Alors il redevient libre ; et, rentrant sans exception dans tous les priviléges du pays, il peut prendre trente acres de terre vacante pour les cultiver.

Avec les avantages qu’on a représentés, on ne s’étonnera point que la Virginie ait attiré par degrés un grand nombre d’habitans. Les premiers y étaient venus sans femmes ; ils se flattèrent que l’abondance où ils commençaient à vivre pourrait engager quelques Anglaises sans biens à venir partager les douceurs de leur situation. Cependant ils n’en voulurent point recevoir sans un certificat de sagesse. Celles qui apportèrent de la vertu n’eurent pas besoin d’autre dot. Loin de leur demander de l’argent ou des effets, on les achetait de ceux qui les avaient amenées, sur le pied de 100 livres sterling ; et cette espèce de commerce n’excita pas moins d’ardeur dans les marchands que la facilité de s’établir en inspirait aux jeunes filles. Ensuite, lorsqu’il ne resta aucun doute sur les