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daient que pour obtenir quelques présens, toujours disposés à reprendre leurs superstitions, comme à se faire réitérer le sacrement autant de fois qu’on leur aurait présenté un verre d’eau-de-vie. On ne connaît que trois points sur lesquels ils ne sont rien moins qu’indifférens : sur leurs femmes, ils portent la jalousie jusqu’à les tuer au moindre soupçon : sur la vengeance, il n’y a point de peuple dans les deux Indes qui pousse plus loin cette passion. Au milieu de leurs plaisirs, un Caraïbe qui en voit un autre dont il se souvient d’avoir reçu quelque injure, se lève et va par-derrière lui fendre la tête d’un coup de massue, ou le percer à coups de couteau : s’il tue son ennemi, et que le mort n’ait point de parens pour le venger, c’est une affaire finie ; mais si la blessure n’est pas mortelle, ou s’il reste des vengeurs, le meurtrier, sûr d’être traité de même à la première occasion, change promptement de domicile. Ils ne connaissent aucune apparence de réconciliation, et personne entre eux ne pense à s’offrir pour médiateur. Enfin leur indifférence ne tient point contre l’eau-de-vie et les liqueurs fortes ; non-seulement ils donnent tout ce qu’ils possèdent pour en obtenir, mais ils en boivent à l’excès.

Labat parle d’un Français riche et de bonne maison, qui s’était établi à la Guadeloupe, dans la seule vue de travailler à leur conversion, particulièrement de ceux de la Dominique, île assez voisine, qui en nourrissait un