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On ne fait qu’un reproche aux rivières du pays ; c’est que tous les ans, au mois de juin, il paraît sur l’eau salée des légions de vers qui percent les chaloupes, les canots et les vaisseaux même, partout où la poix, le goudron et la peinture laissent le bois découvert, et qui s’y forment des cellules assez semblables à celles des rayons de miel. Ils ne cessent point d’être nuisibles jusqu’au temps des grosses pluies, qui arrive vers la fin de juillet. Alors ils disparaissent jusqu’au retour de l’été, ou du moins ils ne causent aucun mal. On remarque qu’ils ne percent jamais que la seule planche à laquelle ils se sont attachés. On indique quatre moyens de s’en garantir, les seuls que l’expérience ait fait découvrir : 1o. d’espalmer si bien les bâtimens, qu’il n’y reste aucun vide ; 2o. si l’on arrive dans la saison des vers, de mouiller au fort de la marée, parce que le courant les entraîne, et de haler à terre les petites barques et les chaloupes ; 3o. de nettoyer le vaisseau, et surtout d’y passer le feu aussitôt que la saison des vers est finie, parce que, n’étant point encore enfoncés dans les planches, le moindre feu les tue ; 4o. de quitter l’eau salée pour aller mouiller dans l’eau douce, pendant les cinq ou six semaines que les vers se tiennent sur l’eau.

Les Anglais formèrent leur premier établissement dans un canton nommé Pouhatan par les Américains, qui est devenu le comté de Norfolk : c’est le plus méridional de la Virgi-