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jour qu’on s’attend d’arriver à l’entrée, on peut sans crainte avancer pendant la nuit, et suivre le rivage méridional jusqu’à deux lieues au delà du cap, ou l’on se trouve dans une excellente rade, nommée Lynn-Haven. De cette rade, la baie pénètre environ deux cents milles dans les terres. Sa largeur y est de dix à quinze milles, excepté vers le fond, où elle se rétrécit beaucoup. Elle contient plusieurs petites îles, dont quelques-unes sont couvertes de bois. Entre une infinité de fleuves qu’elle reçoit, surtout à l’ouest, on en distingue quatre par leur grandeur, qui sont le James, l’Yorck, le Rapahanok et le Potomak. Les embouchures des autres fleuves sont, pour la plupart, si commodes et si bien distribuées, que, de six en six milles, on trouve presque toujours une bonne rade. Ces fleuves se forment du concours d’une infinité de sources, d’où l’eau sort en si grande abondance qu’elle est douce jusqu’à soixante et cent milles au-dessous du flot des marées, et quelquefois à trente ou quarante milles de la baie même. Quelques-unes de ces sources forment tout d’un coup un si gros courant, qu’à cinq ou six cents pas de leur origine elles font tourner des moulins à blé. Le grand avantage de cette multitude de rivières est de donner à chaque habitation la commodité de recevoir les navires et les chaloupes à sa porte, d’où il est arrivé qu’on ne s’est guère embarrassé de former des villes dans la Virginie.