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aussi lâche qu’injuste. La reine Élisabeth offrit sa protection à un brave homme qu’elle aurait désiré attacher à son service. Il eut encore la générosité de se refuser à ses offres, et Charles ix rougit enfin de le persécuter : on le laissa vivre dans sa pairie ; mais il y mourut sans récompense.

Laudonnière nous a tracé quelques détails sur le caractère des peuples voisins des anciennes possessions françaises dans la Floride, avec quelques observations sur les propriétés du pays. Mais deux siècles écoulés, et la domination espagnole, ont apporté quelques changemens dans cette contrée ; et ce qui suit ne doit être entendu rigoureusement que du temps où Laudonnière écrivait.

« Les Floridiens de ce canton, dit-il, sont bien faits, braves et fiers, quoique assez traitables, lorsqu’on sait les prendre par la douceur. Ils n’ont pas la cruauté des Canadiens pour leurs prisonniers ; et quoiqu’ils soient anthropophages comme eux, ils ne poussent pas l’inhumanité jusqu’à se faire un plaisir de voir souffrir un malheureux captif, ni un art de le tourmenter. Ils se contentent de réduire à l’esclavage les femmes et les enfans qu’ils enlèvent. Ils immolent les hommes au soleil, et se font un devoir de religion de manger la chair de ces victimes. Dans les marchés et dans les combats, les paraoustis sont toujours à la tête de leurs troupes ; le bagage est porté par des hermaphrodites, dont Laudonnière assure